Derrière chaque grand jeu se cache une ambition, et Studio Zero ne fait pas exception à la règle. Après des décennies passées à façonner la saga Persona, l’équipe menée par Katsura Hashino se lance dans une nouvelle aventure avec Metaphor: ReFantazio. Ce J-RPG au tour par tour, édité par Atlus, s’appuie sur l’héritage de ses prédécesseurs tout en cherchant à poser les bases d’une licence inédite.
L’univers de Metaphor: ReFantazio est une fresque aux inspirations multiples, où le steampunk et la peinture de la Renaissance fusionnent pour créer un cadre à la fois familier et déroutant. Loin d’être un simple successeur spirituel de Persona, ce titre revendique une identité propre, s’ancrant dans une narration mature et des mécaniques de jeu qui réinterprètent avec justesse les fondamentaux du genre. Alors, pari réussi pour Studio Zero, ou simple variation d’une formule éprouvée ?
De Persona à Metaphor: ReFantazio, une transition maîtrisée ?
S’il y a bien une chose que Metaphor: ReFantazio ne cherche pas à cacher, c’est son ADN. Studio Zero, fondé par des vétérans de P-Studio, a puisé dans les bases qui ont fait le succès de Persona. Les similitudes sont évidentes : système de liens sociaux, gestion du calendrier, personnalisation des compétences, sans oublier le système de combat au tour par tour qui reprend certaines mécaniques des épisodes précédents.
Cependant, ce qui frappe dès les premières heures de jeu, c’est la volonté d’apporter une profondeur stratégique inédite. Le système des archétypes, qui permet d’adopter différentes classes de combat en fonction des situations, offre une flexibilité bienvenue et pousse à la réflexion. De même, si le calendrier reste un élément central du jeu, il s’éloigne de l’aspect contraignant de Persona pour proposer une approche plus permissive, laissant le joueur gérer son rythme sans pénalités excessives.
Autre évolution notable : la place accordée à la quête principale. Contrairement à Persona, où le scénario avance souvent au gré des interactions sociales, Metaphor: ReFantazio mise sur une intrigue plus linéaire, mais ponctuée de choix déterminants qui influencent la perception du monde et le destin de ses protagonistes. Un parti-pris qui vise à équilibrer écriture soignée et liberté d’action, tout en évitant l’effet de routine propre à son aîné.
Dans cet entre-deux, Metaphor: ReFantazio cherche son identité, oscillant entre hommage et prise de risque. Reste à voir si cette approche hybride saura convaincre à long terme.
Un univers riche où steampunk et fantasy s’entrelacent
Dès les premières minutes, Metaphor: ReFantazio frappe par la richesse de son univers. Le jeu ancre son récit dans un monde où la magie côtoie une technologie steampunk avancée, le tout inspiré par les peintures de la Renaissance. Cette fusion esthétique donne naissance à un cadre unique, où chaque ville, chaque région et chaque culture affichent une patte artistique marquée.
Mais ce qui donne véritablement de la profondeur à cet univers, c’est la narration. Loin de se contenter d’une simple opposition entre le bien et le mal, le jeu aborde des thématiques fortes, telles que la discrimination sociale, les luttes de pouvoir et la manipulation religieuse. Chaque faction possède ses motivations et ses tensions internes, rendant les personnages secondaires aussi importants que le héros dans le déroulement du récit.
L’histoire de Metaphor: ReFantazio repose également sur une mise en scène soignée. Les dialogues, portés par un excellent doublage, bénéficient d’un dynamisme évitant les longues séquences statiques. Les choix du joueur influencent directement le déroulement de l’intrigue, ajoutant une dimension interactive qui encourage à explorer toutes les nuances du scénario.
Enfin, la construction des personnages est un autre point fort du jeu. Chaque membre du groupe possède une histoire personnelle, des motivations crédibles et une évolution au fil de l’aventure. Les liens que le joueur tisse avec eux ne sont pas de simples prétextes à débloquer des compétences, mais bien des éléments clés du récit qui influencent le déroulement de l’histoire principale. Ce soin apporté à l’écriture donne du relief à l’ensemble et fait de Metaphor: ReFantazio un J-RPG au scénario marquant, qui évite la facilité des récits manichéens pour proposer une fresque bien plus nuancée et intrigante.
Des combats stratégiques qui font la différence
L’un des piliers de Metaphor: ReFantazio repose sur son système de combat au tour par tour, qui se démarque par une approche plus tactique que ses prédécesseurs spirituels. Chaque affrontement demande une gestion minutieuse des archétypes, une bonne lecture des faiblesses ennemies et une utilisation optimale des compétences de groupe.
Le système de synergie, permettant aux personnages d’enchaîner des attaques combinées, ajoute une couche stratégique supplémentaire et pousse à expérimenter avec les compositions d’équipe. De plus, la présence de modificateurs environnementaux, tels que la météo et les conditions de terrain, oblige à adapter son approche selon les situations.
Ce mélange entre gestion des ressources, variété des affrontements et possibilités tactiques offre un gameplay riche qui récompense l’anticipation et la réflexion. Malgré une certaine rigidité dans les animations, les combats parviennent à rester engageants et évitent la redondance grâce à une progression bien équilibrée.
Un monde vivant avec une multitude d’activités à découvrir
Si l’exploration de Metaphor: ReFantazio suit une structure relativement linéaire, elle ne manque pas d’intérêt pour autant. Le jeu regorge d’activités annexes qui viennent enrichir l’expérience : missions secondaires, interactions sociales, mini-jeux et chasse aux monstres.
Les villes sont animées par des PNJ crédibles, qui réagissent à l’évolution du scénario et aux choix du joueur. Le système de popularité, central dans l’histoire, influe sur la façon dont le protagoniste est perçu, ouvrant parfois des opportunités inédites pour débloquer des quêtes spécifiques ou influencer certains événements.
Chaque région propose une atmosphère distincte, avec ses propres enjeux et défis, rendant l’exploration stimulante malgré une conception de niveau parfois cloisonnée. Bien que le level design reste classique dans son exécution, la diversité des interactions proposées permet de maintenir un intérêt constant.
Une aventure ambitieuse qui prépare le terrain pour l’avenir
Avec ce Metaphor: ReFantazio, Studio Zero du tonnerre prouve qu’il est capable de s’émanciper de l’ombre de Persona en proposant un J-RPG à la fois mature et captivant, porté par une direction artistique inspirée et un système de jeu bien ficelé. Malgré quelques imperfections techniques et une structure parfois rigide, le jeu parvient à offrir une expérience riche et immersive, qui séduira aussi bien les fans de Persona que les amateurs de RPG tactiques.
Si certains aspects pourraient être améliorés pour une éventuelle suite, notamment en termes d’optimisation et de fluidité, Metaphor: ReFantazio pose les bases solides d’une nouvelle licence prometteuse, qui a toutes les cartes en main pour devenir une référence du genre.
Points positifs :
- L’univers visuel inspiré de la peinture de la Renaissance et du steampunk
- Le système de combat dynamique et tactique avec une belle variété d’archétypes
- La narration maîtrisée, abordant des thèmes matures et bien intégrés à l’intrigue
- Les personnages travaillés, avec des motivations crédibles et des interactions intéressantes
- Les nombreuses activités annexes, offrant une vraie profondeur au monde du jeu
- Une bande-son magistrale, portée par Shoji Meguro
Points négatifs :
- Un moteur graphique daté, avec des textures inégales et un aliasing visible
- Quelques longueurs dans le rythme, notamment dans la progression
- Des animations rigides, parfois en décalage avec l’ambition artistique du titre
Fiche technique de Metaphor: ReFantazio:
Éditeur : ATLUS
Développeur : Studio Zero
Date de sortie : Le 11 octobre 2024 sur PS4, PS5, Xbox et PC
Type : J-RPG
Langue : Anglais sous-titré français
