Avec Avowed, le studio Obsidian Entertainment revient en force sur le terrain du jeu de rôle en monde semi-ouvert, un genre qu’il maîtrise depuis des années. Après The Outer Worlds, les créateurs de Pillars of Eternity s’attaquent cette fois-ci à un univers médiéval-fantastique ancré dans les terres de l’Éternité (Eora), un monde déjà exploré dans leurs précédents jeux.
Ce nouvel opus promet une aventure immersive où certains choix auront des conséquences, une narration soignée et un gameplay flexible, mêlant combat magique et affrontements à l’arme blanche. Entre une intrigue intrigante, un lore riche et une direction artistique inspirée, Avowed veut s’imposer comme l’un des RPG les plus attendus sur Xbox et PC. Mais parvient-il vraiment à rivaliser avec les cadors du genre ? L’univers d’Eora offre-t-il une expérience aussi marquante qu’espérée ?
Avowed, une explosion de créativité ?
D’entrée de jeu, les développeurs nous plongent dans cet univers atypique avec une cinématique qui plante le décor. On incarne ici l’envoyé d’Aedyr, un pays lointain, pour enquêter sur le Malrêve au cœur des Terres vivantes. Il s’agit d’une sorte de pourriture qui ronge la faune et la flore et transforme ses habitants en des créatures déformées et agressives façon The Last of Us. Avec énormément de responsabilités que nos épaules nous seront souvent amener à faire des choix au travers de centaines d’échanges à choix multiples avec les autochtones de ces terres et ainsi façonner une aventure qui possède différentes conclusions selon la volonté de chaque joueur.
Comme tout RPG qui se respecte, Avowed nous permet de créer notre personnage de toutes pièces. Pour les amateurs, il y a de quoi passer un sacré temps à peaufiner les moindres aspects de son personnage. Pour le commun des mortels, les options sont relativement classiques, mais auront un sens puisque notre protagoniste sera souvent exposé dans les dialogues, les cinématiques ou encore le gameplay où il est possible de passer de la vie à la première personne à la troisième personne.
Dès les premiers instants de jeu, on découvre un terrain de jeu très riche. Les dialogues du jeu, qui ne bénéficie hélas pas d’une traduction VF en bonne et due forme, ne traîne pas à nous balancer des concepts farfelus et de nombreuses dénominations que nous ingérerons en toute ignorance pendant quelques heures. Il n’y a pas de doute sur le fait qu’Avowed est ambitieux. Le contexte est énorme et on sent que le jeu veut nous faire vivre mille et une choses durant les heures qui vont suivre. Sauf que nous avons trouvé que cette entrée en la matière était un peu indigeste au premier abord. Nous avons rapidement été noyés d’informations et parlés à de nombreux personnages sans vraiment cerner leurs liens et se souvenir de quoi ou qui ils parlaient. Il faut un temps d’adaptation assez long pour comprendre les tenants et aboutissants du jeu, surtout qu’il est compliqué de se laisser bercer par la langue anglaise avec un vocabulaire spécifique et diversifié d’Eora.
Un chemin qui sera long pour éradiquer le Malrêve
Ce fléau qu’est le Malrêve est aussi le tronc d’un scénario extrêmement tentaculaire. Pour rendre les Terres Vivantes naturelles, le studio a mis en place de très nombreuses quêtes annexes. La plupart du temps, ce sont les habitants des différentes régions du jeu qui nous demanderont service.
Nous pourrons aussi effectuer des contrats de primes avec quelques sous à la clé ou bien simplement explorer la région à la recherche de secrets. Les activités ne manquent pas dans Avowed. Et ce qui rassure, c’est que les développeurs ont pu passer outre cette manie de nous proposer des objectifs Fedex à dormir debout. Chaque mission a sa propre petite histoire et peut proposer des rencontres uniques et des dialogues originaux. Tout comme pour l’aventure principale, le joueur possède le choix de modifier le contexte de ces quêtes, comme par exemple relâcher un bandit et lui donner une seconde chance plutôt que de le mettre à mort. Peut-être cela sera-t-il utile dans les prochaines quêtes ?
Avowed n’est pas un open-world à proprement parler. Mais ne quittez pas tout de suite la salle ! Le jeu dispose en effet de très grandes zones ouvertes que l’on peut explorer librement et avec de nombreux points de réapparition rapide. Chacune d’elles dispose d’une identité visuelle qui lui est propre avec son lot d’activités. Quand on avance assez dans la trame principale que pour mettre les pieds dans une nouvelle région des Terres Vivantes, c’est d’abord un petit festin visuel qui s’affiche sur notre écran.
Ensuite, c’est le goût de l’aventure qui se dissipe dans notre corps. La map brumeuse se débloquera au fil de nos trajets, ce qui pousse constamment les joueurs à aller vers l’inconnu. Vers une grosse bâtisse dans laquelle s’infiltrer, une grotte barrée par des ronces ou encore une tour lumineuse et lugubre qui pourrait cacher un coffre bien rempli. Mais entre chaque zone, il y aura fatalement un temps de chargement, ce qui entrecoupe indéniablement l’exploration de toute l’étendue de ce petit monde médiéval. D’ailleurs, le jeu dispose de pas mal de temps de chargement, ce qui est assez rare de nos jours pour une production de cette envergure. Reste à voir selon la patience et les exigences de chacun si cela est vraiment gênant ou non.
Préférerez-vous la magie ou le corps-à-corps ?
Puisque le Malrêve ronge les créatures de cette île paradisiaque, nous devrons régulièrement sortir les armes. Sur ce point, le jeu met en place un système de rareté et de qualité sur un arsenal plus ou moins varié. Il n’y a pas énormément de catégories d’armes, mais tout le monde y trouvera son compte. Nous pouvons en effet nous équiper d’épées, haches, massues, pistolets, lances, boucliers ou encore des poignards pour des combats de longue ou courte portée. Après tout, tout est une question de préférences. Il n’y a pas vraiment de meilleur choix que d’autres, car cela va dépendre des situations. En revanche, la progression dans Avowed s’effectue via l’amélioration de notre équipement au camp. Que ce soit les pièces d’armure ou des armes, plus la rareté et la qualité sont élevées, plus le combat sera facile.
Histoire de ne pas rester qu’à l’arme blanche, le jeu propose aussi de la magie. A l’aide de capacités à débloquer ou d’un combo grimoire + baguette, il sera aussi possible d’invoquer des zones de soin, des éclairs, du feu, des boucliers et tout un tas de sorts qui, globalement, sont des effets de longue distance. Pratique lorsqu’un colosse nous charge sans arrêt. Il faudra également prendre en compte les résistances et faiblesses des ennemis pour être le plus efficace possible.
Qui plus est, l’aventure vous permet d’être accompagné de deux partenaires maximum. Ces PNJ seront recrutés lors de vos quêtes et resteront à vos côtés pour le reste de l’aventure. Il faudra simplement faire le choix entre deux personnages parmi tous ceux qui sont disponibles via le menu de sélection au camp, avant de repartir à l’aventure.
Ces personnages ne sont pas que de simples bots qui vous suivent et vivent leur vie. Par le biais d’un menu circulaire, vous pouvez leur ordonner des actions, comme des attaques magiques ciblées ou des soins pour l’équipe. Un mix parfait entre les attaques de votre personnage et ces compétences de PNJ est à considérer pour une progression plus aisée.
Il y a bien entendu un système de niveaux de personnage avec l’arbre de compétences qui en découle. Mais ce n’est pas vraiment là que se cache la force réelle du personnage sur le terrain. Outre les sorts, le joueur aura ici la possibilité de débloquer des compétences passives qui l’aideront à se relever ou obtenir l’avantage dans certaines conditions. La progression est assez lente et il y a de nombreux embranchements intéressants à débloquer.
Un beau monde qui ne vous calcule pas
Mais si tout cela vous vend évidemment du rêve, il ne faut pas ignorer les aspects un peu dérangeants de ce titre Xbox. Premièrement, bien que le monde du jeu soit visuellement très travaillé, nous avons trouvé que tout manquait un peu de dynamique. Ce que soit au niveau de la physique des objets ou la cohérence des PNJ dans leur environnement.
Sur ce point, nous avons remarqué qu’Avowed dispose des mêmes faiblesses que bon nombre de RPG similaires, à savoir que les créatures qui gambadent hors des villes sont constamment contre vous. Et s’il ne l’est pas, c’est qu’il s’agit de PNJ qui sont dans leur bulle sans faire attention à vous, à attendre que vous les accostiez pour commencer leurs répliques.
Exit les grandes cités avec des dizaines d’habitants qui voyagent dans les rues et y vont de leur petit commentaire. Ici, énormément d’éléments sont très statiques, ce qui ampute le jeu de cet aspect très organique des grosses productions actuelles. De plus, on a l’impression que le studio n’a pas été satisfait de la manière dont ont été remplies les maps et y ont par conséquent parsemé des groupes d’ennemis et des coffres de ressources (énormément) au hasard un peu partout, sans trop de logique.
Et puisqu’on parle d’éléments en trop grand nombre, nous n’avons pas non plus trouvé logique de mettre beaucoup de vendeurs dans les grandes villes, sans réel intérêt puisqu’un tavernier pourra tout aussi bien vous vendre des armures qu’un autre vendeur dans la rue voisine.
Avowed manque le coche sur les sensations en combat
D’autre part, si le système de combat est très bien étoffé et permissif, tout manque d’impact. Par exemple, le fait de lancer un torrent de flamme sur le PNJ le plus lambda peut ne pas avoir d’effet sur lui. Si ce n’est les dégâts infligés qui se confirment avec des chiffres apparaissant à l’écran, il arrive très fréquemment que l’ennemi ne ressente même pas un souffle sur son corps, continuant sa marche vers vous.
Les coups d’épée et de massue donnent cette sensation étrange que l’on tape avec un bâton en mousse, alors qu’on aimerait justement voir s’écraser l’ennemi par terre en échange d’une sacrée partie d’endurance. C’est dommage, le sentiment de puissance n’est jamais vraiment là et rend le tout assez fade. Le seul côté jouissif à ces affrontements est le fait de voir la barre de vie de l’ennemi descendre plus ou moins vite ou le voir voltiger avec le coup (chargé) final.
L’aventure Avowed est immersive, mais ne prend pas de risques
Cela dit, Avowed n’est pas un mauvais jeu pour autant. Comme vous l’aurez compris, le titre d’Obsidian nous donne énormément de choses à voir et à faire. Si vous n’avez pas peur de vous immerger dans un univers comportant énormément d’éléments de lore avec de très nombreuses quêtes délivrant des dizaines d’heures de jeu, vous faites le bon choix. Il faudra néanmoins garder à l’esprit que le jeu n’est pas exempt de défauts et ne brise jamais les codes en restant dans des mécaniques de jeu assez classiques pour un RPG du genre. Chapeau bas en tout cas pour le game design qui offre aux joueurs de nombreux panoramas à couper le souffle. Les Terres Sauvages sont un terrain de jeu varié qu’il est plaisant de découvrir pas à pas, sans être frileux à l’idée d’une certaine routine dans les combats, puzzles et activités.
Points positifs:
- Un monde vaste et très joli
- Un scénario à embranchements copieux
- Des combats fluides avec de multiples options stratégiques
- Des dizaines d’heures de jeu
- De nombreuses armes au look bien travaillé
- Des rencontres qui marquent, dont l’Inquisitrice Lödwyn
Points négatifs:
- Un monde trop peu interactif avec notre personnage
- Des ressources, coffres et groupes d’ennemis dispersés au hasard sur la map
- Les armes manquent de sensations de frappe
- Un bestiaire qui peine à se renouveler à mi-parcours, comme les puzzles
- Pas de traduction VF
- Un aspect technique qui montre ses limites
Fiche technique de Avowed:
Éditeur : Microsoft
Développeur : Obsidian Entertainment
Date de sortie : Le 18 février 2025 sur Xbox Series X|S et PC
Type : Action-RPG
Langue : Anglais sous-titré français
