L’alliance entre l’univers de Lovecraft et celui de Batman semble naturelle. Ces récits partagent des thèmes communs : la folie, la corruption et la confrontation avec des forces dépassant l’entendement humain. Dans Batman : City of Madness de chez Urban Comics, Christian Ward réinvente cette rencontre en explorant une Gotham inversée, miroir sombre de la ville, où une entité maléfique menace d’émerger. Ce récit, publié par DC Comics en format Black Label, promettait une plongée fascinante dans une démence horrifique, mais son exécution nous laisse un sentiment partagé.

« La Cour des Hiboux, sinistre cabale gothamienne qui tire les ficelles dans l’ombre, garde un portail menant à une Gotham City déformée, en proie à des créatures terrifiantes dépassant largement les frontières de l’imaginable. Quand ce passage entre les deux mondes cède une créature de la nuit s’infiltre dans Gotham avec un objectif bien précis en tête : trouver son propre Robin pour l’accompagner dans son éternelle quête de vengeance…« 

Quand Gotham reflète ses pires cauchemars dans Batman City of Madness

Sous Gotham se cache une version parallèle, corrompue par des forces obscures et peuplée de cauchemars. Ce cadre, prometteur sur le papier, aurait pu offrir un terrain idéal pour un récit Lovecraftien. On y découvre un Batman d’en bas, figure maléfique censée semer la terreur. Pourtant, son unique but, corrompre un enfant du monde d’en haut pour en faire une version pervertie de Robin, reste peu convaincant.

Batman City of Madness extrait 4 - Editions Urban Comics

Pourquoi ne pas choisir un enfant de sa propre réalité ? Cette question, parmi d’autres, reste sans réponse. L’idée d’un mal ancien bouleversant les deux Gothams est fascinante, mais l’histoire peine à donner vie à cet antagoniste, limitant la Gotham inversée à quelques ruelles et à l’asile d’Arkham.

Batman City of Madness extrait 1 - Editions Urban Comics

Double-Face, entre génie visuel et intrigue confuse

L’un des attraits des récits Lovecraftiens réside dans leur narrateur, souvent témoin impuissant d’événements inimaginables. Ici, Alfred Pennyworth tient ce rôle via des lettres adressées à Bruce Wayne. Mais il reste discret, laissant la narration à Double-Face. Harvey Dent devient alors un relais entre les deux Gothams, ses facettes distinctes mises en avant grâce au travail soigné de Hassan Ostmane-Elhaou.

Les choix de typographie et de couleurs rendent chaque « voix » identifiable, facilitant la compréhension malgré une intrigue parfois confuse. Cependant, l’utilisation narrative de Double-Face, avec deux versions du personnage simultanément, ajoute une complexité inutile qui alourdit le récit.

Batman City of Madness extrait 2 - Editions Urban Comics

Des planches splendides, mais parfois difficiles à suivre

Le dessin de Christian Ward est sans doute la véritable force de City of Madness. Ses illustrations mêlent peinture et dessin, rappelant l’ambiance de Batman: Arkham Asylum. Les tons choisis évoquent des émotions fortes, allant de la terreur à la colère, en passant par le mystère. Certaines planches sont de véritables œuvres d’art, notamment les variantes covers. Cependant, cette richesse visuelle nuit parfois à la lisibilité des scènes, particulièrement dans les moments d’action. Malgré cela, la mise en page inventive et l’usage expert des couleurs maintiennent l’intérêt tout au long de la lecture.

Batman City of Madness extrait 3 - Editions Urban Comics

Christian Ward jongle avec des inspirations Lovecraftiennes et des éléments tirés des œuvres précédentes sur Batman. Bien qu’il modernise le cadre par rapport à The Doom That Came to Gotham, certains thèmes restent sous-exploités. Les nombreuses sous-narrations et métaphores manquent souvent d’approfondissement, donnant une impression d’inégalité dans le traitement des idées. Malgré tout, les visuels restent l’atout principal de l’œuvre, rendant cette bande dessinée captivante malgré ses défauts.


Fiche technique de Batman : City of MadnessBatman : City of Madness, disponible en octobre chez Urban Comics

  • Prix : 18 EUR
  • Public : 15+
  • Collection : DC Black Label
  • Date de sortie : 18 octobre 2024
  • Pagination : 168 pages
  • Scénaristes:Christian Ward
  • Dessinateur: Christian Ward
  • Contenu VO: Batman City of Madness #1-3

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici