Manoj Nelliyattu Shyamalan est de retour avec Old, un film de science-fiction pour Universal Pictures. Le réalisateur de l’excellent The Visit nous propose ici une autre vision d’horreur psychologique avec le concept intéressant du vieillissement accéléré. Aurez-vous peur de vous imaginer prendre 50 ans en 24 heures ?
Synopsis:
En vacances dans les tropiques, une famille s’arrête pour quelques heures sur un atoll isolé où ils découvrent avec effroi que leur vieillissement y est drastiquement accéléré et que leur vie entière va se retrouver réduite à cette ultime journée.
Old, fruit d’une vision manquant d’ambition
Les ravages du vieillissement et le temps que nous passons sur cette Terre font partie des plus grands tracas de l’homme. La mort est une étape inévitable qui effraye la plupart des gens et le réalisateur Manoj Nelliyattu Shyamalan met tout le monde mal à l’aise avec Old, qui accélère ce chronomètre naturel pour mettre en place une assez thématique intéressante pour un film de science-fiction.
La mise en ouvre de cette idée est par contre un peu maladroite. Il ne faut pas très longtemps pour repérer un petit manque d’implication du casting dans les différents rôles de cette bande de touristes qui vont vivre une expérience terrible. On ne peut pas vraiment parler d’un casting 5 étoiles et aucun personnage de Old ne tire vraiment son épingle du jeu. Nous avons par exemple Gael Garcia Bernal et Vicky Krieps dans les rôles du couple d’adultes Guy et Prisca, qui ne parviennent pas à rendre leurs personnages intéressants, d’autant plus que leurs émotions semblent aussi plates qu’une mer apaisée. Pire encore, le personnage d’Aaron Pierre dénué d’intérêt et lui aussi vide d’émotions.
Si l’on doit mettre l’accent sur un point positif de Old, cela se passe surtout au niveau des enfants qui subissent de plein fouet ce vieillissement rapide sur la plage mystérieuse où se déroulent les évènements. Nous ne sommes encore une fois pas sur un jeu d’acteur extraordinaire et c’est davantage le fait de les voir grandir en l’espace de quelques heures qui est bien illustré avec un changement d’acteurs plutôt adéquat.
Finalement, Old ne requiert pas beaucoup l’aide des effets spéciaux et mise principalement tout sur le maquillage, mais aussi sur l’interprétation du spectateur face à certaines situations cachées par des plans de caméra afin d’éviter d’exploser le budget de la production. C’est un peu dommage, car il y avait vraiment matière à faire, mais on saisit assez vite le concept et les différentes mises en situation. On se retrouve alors à compatir pour ces personnes qui ne peuvent échapper à ce tragique destin. Quoi que ?
Old, c’est avant tout la mise en avant d’un mal-être vis-à-vis d’un vieillissement bien trop prématuré et la peur de perdre ses proches. L’impuissance des personnages face à la situation donne au film un certain cachet qui met le doute sur le « happy end » tout au long de la trame.
Le vieillissement accéléré n’a pas que du bon
Qu’on soit bien clair, Old n’est pas du tout le meilleur film de Manoj Nelliyattu Shyamalan, mais il a le mérite d’accentuer une crainte commune et de la placer dans une mise en situation intéressante. Il est dommage de constater le manque de profondeur sur le jeu d’acteur, mais aussi l’utilisation abusive de plans de caméra destinés à cacher l’évolution physique des personnages.
Le réalisateur veut avant tout que le spectateur s’imagine beaucoup de choses en montrant un résultat final sans passer par les intermédiaires, ce qui a malheureusement pour effet de rendre l’intrigue un peu plate. On ne peut toutefois que saluer les bonnes idées éparses visant à diversifier la situation de chaque personnage et apporter quelques rares scènes choc avec quelques règles de médecine auxquelles nous n’aurions pas pensé en temps normal. Lors du visionnage, il y a alors quelques « ah oui, c’est bien amené!« , mais jamais d’explosion visuelle ou émotionnelle, hélas. Dommage, car le concept est véritablement intéressant, mais manque de saveurs dans son interprétation.