L’épisode 2 de The Last of Us saison 2 disponible sur Max ne laisse aucune place à la complaisance. HBO adapte avec une fidélité glaçante le moment le plus controversé du second jeu vidéo de Naughty Dog : la mort brutale de Joel. Un choix narratif assumé, qui bouleverse la dynamique du récit et réinstalle la violence comme moteur central de l’intrigue. Sans préambule, l’univers déjà sombre de la série prend un virage radical, laissant Ellie face à un vide que seule la vengeance pourra combler.
La scène de The Last of Us que tout le monde redoute respecte au mieux l’oeuvre originale
Dans ses dernières minutes, le deuxième épisode de la saison 2 de The Last of Us plonge dans l’horreur : Joel est capturé puis exécuté d’un coup de club de golf par Abby. Cette scène, reprise presque plan par plan du jeu The Last of Us Part II, est là pour frapper fort. Pas de musique dramatique, peu de dialogues, juste la violence crue et frontale d’une exécution personnelle.
Mais avant ça, l’épisode prend cependant des libertés avec la chronologie du jeu. Là où le titre PS4 attendait plusieurs dizaines d’heures avant de révéler la motivation d’Abby, la série choisit de clarifier dès maintenant : Joel a tué son père, le chirurgien des Lucioles, à la fin de la saison 1. Ce choix de mise en scène permet de redéfinir immédiatement les enjeux. Abby n’est pas une antagoniste gratuite : elle agit par vengeance, comme Ellie le fera à son tour. Ce parallélisme moral est au cœur de l’épisode.
Le regard d’Ellie quand elle découvre le corps de Joel, le choc muet de Dina, les silences pesants de Jesse… Tout est pensé pour installer un climat de désintégration émotionnelle. La mort de Joel n’est pas un rebondissement : c’est un pivot narratif, une clé de voûte qui redistribue toutes les alliances, tous les enjeux.
Ellie et Abby, miroir brisé d’une même vengeance
Dans cette logique de double trajectoire, l’épisode 2 de cette seconde saison de The Last of Us glisse naturellement vers Abby et son propre passé. Le choix d’introduire dès ce moment ses cauchemars liés à la mort de son père donne une nouvelle épaisseur au récit. Ce n’est plus simplement l’histoire d’Ellie : c’est celle de deux jeunes femmes prises au piège d’un engrenage de violence.
Le miroir narratif entre les deux personnages est explicite. L’une tue pour venger son père, l’autre s’apprête à tout sacrifier pour venger son mentor. Le lien est renforcé par le montage alterné, les échos visuels et les détails laissés volontairement en suspens. Contrairement au jeu, qui conservait certaines révélations pour plus tard, la série choisit la transparence immédiate. Cela donne à Abby un rôle moins manichéen, et positionne Ellie dans une zone grise morale délicate.
La séquence où Dina rappelle à Ellie que Joel lui manquera comme un père souligne le poids affectif de cette perte. La relation entre Ellie et Joel, teintée de conflits mais ancrée dans l’amour filial, devient le moteur de la vengeance à venir. Cette dynamique n’est pas sans rappeler certains arcs de Game of Thrones, où les cycles de vengeance remplaçaient peu à peu toute logique politique. Ici, la vengeance est personnelle, intime, et chaque décision prise dans l’épisode en est imprégnée.
La série renoue avec le cauchemar du Cordyceps
Alors que les émotions se cristallisent autour de la perte de Joel, le récit bifurque aussi vers une autre menace tout aussi tangible : celle des infectés. Le reproche souvent adressé à la première saison concernant leur rareté est ici balayé. Ce deuxième épisode marque le retour en force du danger biologique, avec une séquence d’attaque d’une ampleur rare à la télévision.
Le champignon Cordyceps est ici traité comme une entité intelligente, capable de coordonner les attaques en utilisant ses ramifications souterraines. Une simple pression sur la neige suffit à réveiller des dizaines d’infectés dissimulés sous la surface. Ce mécanisme visuel, inspiré des mécaniques du jeu, renforce la tension en rappelant que le danger ne vient pas toujours de l’humain.
Le montage alterne entre tension pure et survie : Ellie, Jesse et Dina se retrouvent piégés, contraints de se réfugier dans un ancien laboratoire réaménagé. Lieux exigus, ressources limitées, tempête extérieure : la série maîtrise ici le registre du survival horror, enchaînant les séquences de fuite et d’improvisation tactique. L’épisode évite toute glorification de la violence : la lutte est désespérée, brouillonne, marquée par l’épuisement.
Le point culminant reste l’arrivée de la horde à Jacksonville, dont la progression évoque moins une armée qu’un raz-de-marée organique. Les défenseurs parviennent à ralentir l’assaut en canalisant les infectés dans les rues principales, utilisant l’urbanisme comme piège. Mais face aux plus puissants des mutants, comme les colosses, les armes deviennent vite dérisoires. La réalisation mise sur un réalisme rugueux, sans emphase, qui rappelle l’esprit du jeu sans jamais tomber dans le fan service.
Une autre guerre commence pour Ellie avec le WLF dans la série The Last of Us
À cette tension biologique s’ajoute une pression plus organisée : celle du Front de Libération de Washington. En dévoilant l’affiliation militaire du groupe d’Abby, la série introduit une nouvelle échelle de conflit. Le WLF, structuré, hiérarchisé, devient un acteur central du récit.
Les dialogues révèlent que la FOP (base avancée de la WLF) sert de point de repli à Abby et à ses compagnons. Le commandement est entre les mains d’Isaac, incarné par Jeffrey Wright, qui faisait déjà la voix du personnage dans le jeu vidéo. Cette continuité renforce le lien entre adaptation et œuvre originale, tout en offrant un visage familier aux joueurs.
Cette organisation structurée, équipée et disciplinée contraste fortement avec le quotidien précaire des habitants de Jacksonville. Elle impose une tension supplémentaire : Ellie n’affrontera pas seulement Abby, mais un groupe entier prêt à défendre les siens. Le déséquilibre de forces est installé, et le spectateur perçoit déjà que la quête de vengeance va exiger des sacrifices bien au-delà du cercle intime.
Les uniformes, les insignes du loup, les tactiques d’encerclement : chaque détail de la WLF traduit une militarisation avancée. Leur efficacité et leur froideur rappellent les factions paramilitaires post-apocalyptiques typiques du genre. À travers eux, la série fait un pas de plus dans un monde où les lignes entre bien et mal s’effacent, au profit de la survie organisée et de la loi du plus fort.
Cap sur Seattle : Ellie lance la traque, la rage en héritage
C’est dans ce climat de deuil, de violence et de chaos qu’Ellie amorce son nouveau voyage. Tandis que les survivants tentent de se relever, elle commence déjà à collecter des informations. Elle note les noms, les visages, les symboles. Son objectif est clair. La série montre comment, dans le tumulte, une logique de traque se met en place.
Le retour à Jacksonville est marqué par une tension sourde. Le corps de Joel, traîné dans la neige, clôt un épisode où la parole laisse place aux regards. Ellie n’exprime rien, mais tout dans sa posture annonce la rupture. La saison bascule alors vers une nouvelle dynamique : celle d’une chasse méthodique, froide, à travers un territoire inconnu.
La transition vers Seattle ne se fait pas par une ellipse mais par accumulation. On comprend que la carte, les souvenirs, les pendentifs, les insignes de la WLF seront les jalons de ce voyage. Le récit devient dès lors une quête obsessionnelle, marquée par la mémoire du sang versé et l’idée qu’aucune justice ne viendra de l’extérieur. Ellie ne cherche pas un sens : elle veut rétablir l’équilibre selon ses propres termes.
Derrière cette trajectoire, la série confirme sa volonté de s’ancrer dans les émotions brutes, sans détour ni embellissement. Chaque pas d’Ellie vers Seattle est lourd de ce que le spectateur vient de vivre : un monde où la perte impose l’action, et où la vengeance semble être la seule issue possible.