Big Bad Wolf Studio, le studio français spécialisé dans les RPG narratifs s’est dernièrement fait connaître pour un travail très propre sur le jeu épisodique The Council. Ce dernier n’était pas exempt de défauts, mais avait tout de même le mérite de proposer des mécaniques de jeu plutôt subtiles sur fond d’enquête aux multiples embranchements. Avec leur dernier titre édité par Nacon, Vampire: The Masquerade Swansong, les développeurs ajoutent une pierre à l’édifice qui tente d’imposer l’univers du célèbre jeu de rôle papier sur consoles et PC. Voici ce que nous avons pensé de ce projet inédit après plusieurs heures de jeu.
Une crise majeure chez les vampires, le code rouge est levé
Pour vous placer un peu dans le contexte copieux de Vampire: The Masquerade – Swansong, nous tâcherons de ne pas entrer dans trop de détails concernant le lore puisqu’à l’instar du début de l’aventure, cela pourrait perdre plusieurs non initiés à cet univers très riche. Le titre place le joueur aux commandes de trois personnages dans une vaste enquête au cœur du « Monde des ténèbres ».
Dans les grandes lignes, plusieurs clans de vampires se livrent une guerre de territoires. Mais dans tous les cas, tous doivent respecter la Mascarade, un pacte qui vise à cacher l’existence de ces créatures assoiffées de sang aux humains. Sauf qu’un soir, une fête supposée permettre au Prince de la Camarilla, la plus haute autorité du clan de Boston, de faire de la ville la plus grande plaque tournante de sang frais au monde, tourne au drame et le code rouge est déclaré. L’existence des vampires est en danger. Sans traîner, le Prince fait appel à nos trois protagonistes au charisme certain et à l’identité forte, Galeb, Emem et Leysha. et c’est là que commencera vos enquêtes.
Un début d’aventure bien copieux donc qui fera sans doute peur à ceux qui ne sont pas familiers avec cet univers. En effet, les premiers instants seront chargés en dialogues, en noms de personnages, de clans et en jargon de vampires. Toutefois, le jeu propose à chaque fois que l’on rencontre un terme ou un objet atypique, un glossaire expliquant leur signification. Étant donné que le jeu n’est pas doublé en VF, il faudra donc se farcir quelques pages de documentation en plus de tous les dialogues pour s’y retrouver et profiter un maximum de l’univers.
Une RPG narratif très profond
Comme pour The Council, le studio Big Bad Wold n’a pas hésité à mettre énormément d’efforts dans l’expérience de jeu de Vampire: The Masquerade Swansong en y ajoutant une dimension un peu plus en retrait dans leurs précédentes créations: les mécaniques RPG. Le jeu fonctionne avec ce qui s’apparente à des combats de dialogues. Chaque personnage possède son propre arbre de compétences et ses spécificités. En fonction de la manière dont le joueur les fera évoluer, chacun pourra prendre l’avantage sur tel ou tel type de situation, sur tel ou tel interlocuteur. A ce niveau, Vampire: The Masquerade Swansong se veut très permissif et la progression du joueur différera alors d’une partie à l’autre.
Chaque personnage de Vampire The Masquerade – Swansong est tel que vous les décrivez
Lors de la première rencontre avec l’un de ces trois personnages, le jeu nous propose de créer sa fiche. Ce moment nous laisse donc choisir ses traits de caractère principaux comme la rhétorique, les connaissances technologiques, la force de persuasion ou encore l’érudition, ce qui ajoutera des compétences au cœur de chacune de ces catégories. Mais on peut tout aussi bien créer la fiche de toute pièce en sélectionnant une option qui nous laisse libres de choisir où placer nos points de compétences. Autant vous dire que cette option est plutôt recommandée aux joueurs qui ont déjà pu expérimenter un jeu de ce genre ou, mieux encore, pour le second run.
Lorsqu’un dialogue s’enclenche, certaines réponses nécessitent l’utilisation d’une jauge de volonté ou de certains points de compétence qui permettront d’augmenter les chances de rétorquer avec une réponse qui fera avancer l’enquête plus rapidement. Tout est dû au hasard. Sauf qu’il ne suffit pas d’utiliser ses pouvoirs pour gagner puisque l’interlocuteur peut lui aussi, au dernier moment, utiliser ses propres points de compétence pour prendre le dessus et vous écraser le nez. Les débats sont donc très changeants, ce qui profite d’ailleurs au scénario qui s’offre ainsi près de 15 fins alternatives. Clairement, Vampire: The Masquerade Swansong offre une très belle rejouabilité.
Des dialogues variés, un level design linéaire
Mais le studio semble tout de même avoir oublié de plancher un peu plus sur le level-design du titre. On ne peut reprocher à Vampire: The Masquerade Swansong ses décors. Ceux-ci sont très originaux et la direction artistique est impeccable, avec des décors sensuels, obscurs, parfois romantiques ou effrayants. Mais dans la technique, il y a certaines choses à revoir.
Premièrement, on déplore l’absence de physique donnant vie à certains éléments comme des rideaux qui restent rigides comme du béton lorsque l’on s’y frotte. De plus, la progression du joueur est assez cadenassée puisque le jeu ne nous emmène que là où nous devons être. C’est-à-dire que dans un même bâtiment, il sera impossible d’accéder à un ascenseur, une nouvelle pièce, un couloir ou autre tant que le scénario ne nous le permettra pas.
Lors de l’exploration pour chercher nos pièces à conviction, le jeu ira même jusqu’à freiner le rythme de l’aventure jusqu’à ce qu’on trouve le tout petit élément caché qui nous donnera la suite de la quête.Parfois, c’est un peu frustrant de bloquer pendant un quart d’heure en découvrant finalement que ce que l’on cherchait se trouvait mal modélisé à côté de nous, posé sur une commode.
Vampire The Masquerade – Swansong, un jeu plutôt intellectuel que visuel
Si l’on connaît l’univers du jeu de rôle papier, on peut sans hésiter affirmer que Vampire: The Masquerade Swansong en est une excellente interprétation. Nous avons été très étonnés de la profondeur avec laquelle les développeurs ont créé le scénario à multiples embranchements. Le fait de pouvoir renverser l’issue d’une confrontation verbale avec un jeu de hasard influencé par des mécaniques RPG s’appuyant sur diverses compétences est une expérience très rare dans le jeu vidéo, du moins lorsqu’elle est mise en œuvre avec autant de maîtrise.
Le jeu se veut finalement plus intellectuel que visuel et place la réflexion du joueur au cœur de son expérience pour créer un divertissement complexe et très stimulant. Car pour le reste, hélas, le jeu ne brille pas vraiment. Même si la direction artistique est criblée de bonnes idées, la technique n’est pas au rendez-vous, ce qui a parfois le don de casser l’immersion. On pointera notamment du doigt des soucis techniques de crash ou des bugs de texture forçant parfois à recommencer l’aventure, des animations faciales rigides et des graphismes qui manquent cruellement de finesse sur new-gen.
Points positifs:
- Une narration complexe, des enquêtes captivantes
- L’aspect RPG très présent
- Le respect du jeu de rôle papier
- Plusieurs fins possibles, les choix influencent le scénario
- Le charisme et le design des personnages
Points négatifs:
- Un déroulement parfois trop lent et finalement linéaire
- Techniquement en deçà de la moyenne
- De la VF aurait rendu le tout plus digeste, car il y a beaucoup à lire
Fiche technique de Vampire: The Masquerade – Swansong:Éditeur : Nacon
Développeur : Big Bad Wolf
Date de sortie : 19 mai sur PS4, PS5, Xbox et PC
Type : RPG narratif
Langue : Anglais sous-titré français