Des souls-like, il y en a une flopée. Mais Steelrising parvient déjà à tirer son épingle du jeu avec un postulat initial très attrayant, celui de la Révolution française version clockpunk. Apposer cette esthétique rétrofuturiste à une période de l’histoire peu exploitée dans le jeu vidéo était une très bonne idée du studio français Spiders qui tente ici de nous délivrer leur jeu le plus ambitieux après Greedfall, et probablement l’une des pépites de 2022.
Steelrising, c’est une version alternative clockpunk de la Révolution française
Steelrising se déroule donc bien à Paris durant la Révolution française. Historiquement, le soft reprend toutes les figures célèbres de cette époque pour les incorporer dans une trame où le roi Louis XVI s’est associé à Jacques Vaucanson, un inventeur mécanicien, pour créer une armée de robots tueurs destinée à éliminer sauvagement tous les opposants de la monarchie.
Marie-Antoinette d’Autriche, épouse du roi, n’en peut plus d’être renfermée au palais à regarder Paris s’effondrer et entendre se répandre la rumeur de la mort de son enfant. Elle ordonne donc à Aegis, une automate gracieuse au service de Sa Majesté la reine, de découvrir mettre un terme à ce véritable génocide. La première étape sera de parlementer avec Monsieur de Vaucanson pour tâcher de trouver un moyen efficace de venir à bout de tous ces tas de ferraille qui arpentent les rues en feu de la capitale française.
Avec un tel concept, on peut aisément imaginer le résultat artistique d’un travail de dur labeur. Le studio Spiders a fourni de gros efforts sur Steelrising dans la conception de son univers. Les nombreuses ruelles de Paris et les quartiers les plus célèbres comme les Tuileries, les Invalides ou encore le Louvre sont reproduits avec un niveau de détail surprenant, tout en s’offrant assez de liberté que pour réinventer un minimum ces lieux dans leur apparence d’époque pour coller avec le thème clockpunk.
Un terrain de jeu plus confiné qu’espéré
Steelrising s’inspire clairement de la série des Souls. Mais on ressent tout de même que le titre n’offre pas autant de liberté qu’une création de Miyazaki. Paris regorge de petits recoins où se cachent des coffres, divers objets ou des ennemis fourbes. Mais dans l’ensemble, la surprise est assez peu présente et l’aventure reste assez linéaire. Il ne s’agit donc pas de grands espaces à explorer. Steelrising est bien plus dirigiste, mais se cantonne revanche un peu plus à son scénario qu’un Souls.
Le joueur sera régulièrement interrompu par des discussions avec ces figures emblématiques de l’époque pour mener la mission d’Aegis à bien. Il ne s’agit pas de cinématiques d’action en façon Alita Battle Angel et on garde donc une technique satisfaisante tout du long sans grosse claque, surtout sur next-gen. C’est aussi un peu dommage de constater une certaine irrégularité dans cette qualité graphique puisqu’on peut tomber sur des panoramas absolument resplendissants où les jeux d’ombre et de lumière avec le feu ou la pleine lune sont réussis, comme sur des assets de très basse qualité infligeant de gros pixels à certains éléments de décor.
Rencontrez Aegis, une héroïne gracieuse au cœur glacial
Pour ce qui est de son système de combat, il n’y a pas à dire, Steelrising mettra souvent le joueur à rude épreuve. C’est en partie grâce à un bestiaire bien développé qui présente des robots de conceptions radicalement différentes avec des équipements offensifs et défensifs variables. Ça nécessite donc une révision fréquente de la stratégie d’Aegis pour en venir à bout. Les boss, c’est pareil. Le challenge est de mise et on reste une fois de plus éblouis par l’ingéniosité du character design de Spiders qui ne semble pas avoir de limites.
Les habitués des Souls ne seront toutefois pas déstabilisés. On reste ici dans quelque chose d’assez classique pour un Action RPG. Avec le mode graphique Performance vivement recommandé actif, Aegis devra esquiver et attaquer au bon moment pour faire tomber ses adversaires. Hélas, les modes Résolution et Graphismes n’ont pour nous pas de quoi permettre aux joueurs d’avoir la meilleure fluidité pour des combats dynamiques et réussis.
Steelrising, c’est un « soft-Souls » qui conserve une identité propre
Pour s’aider, notre automate possède un attirail de consommables depuis les bombes explosives aux paralysantes en passant bien sûr par les différentes armes que compte le jeu. Chaque arme dispose de sa propre rapidité, ses dégâts et sa maniabilité. Et si cela ne permet pas à notre héroïne de prendre le dessus, les soins seront des alliés de taille pour reprendre son souffle efficacement.
L’une des mécaniques fondamentales et propres à Steelrising est la surchauffe d’Aegis. Outre la barre d’endurance, Aegis peut surchauffer si elle bouge trop sur une courte durée. Alors, le joueur pourra activer le refroidissement éclair avec un simple jeu de QTE pour récupérer l’endurance, mais cela provoquera un effet de gel qui, si on en abuse, pourra immobiliser Aegis durant quelques instants. C’est typiquement l’élément de gameplay qui ajoutera du piment aux rencontres que les amateurs d’Action-RPG feront et penseront maîtriser sur le bout des doigts.
Il n’y a pas de quoi rebuter les néophytes
Outre ces combats nécessitant une belle autodiscipline et un timing parfait, le jeu dispose de ses mécaniques RPG qui s’inspirent une fois de plus des créations de FromSoftware. En éliminant des ennemis, Aegis récoltes des Mânes. Ces Mânes peuvent être échangées contre des améliorations statistiques ou des améliorations d’armes. De manière classique, il faudra de plus en plus de Mânes pour progresser et d’autres ressources collectées sur des ennemis ou dans des coffres cachés seront nécessaires aussi.
En parallèle, le joueur trouvera des vêtements pour Aegis comme des chapeaux, vestes, pantalons ou bottes possédant tous leurs propres statistiques avec bonus et malus. Il n’y a pas d’équipement idéal puisque chacun devra faire en fonction de son style de jeu. En revanche, on aurait peut-être espéré un peu plus de variété sur ce point afin de personnaliser encore plus l’expérience de jeu. Contrairement aux armes, ces pièces d’équipement ne peuvent être améliorées. C’est dommage, car cela aurait permis au jeu de gagner en profondeur.
Steelrising, un Action-RPG bourré d’originalité et accessible
Steelrising est finalement un Action-RPG au contexte historique unique qui offre aux joueurs un très bon degré d’immersion. Si l’on peut reprocher au titre de manquer de profondeur sur certains aspects RPG, il se montre néanmoins accessible à un plus large public que les Souls. Même si les combats restent exigeants, le jeu reste très clair dans sa manière de fonctionner, ce qui permettra sans aucun doute à certains effrayés des créations de FromSoftware de s’y aventurer.
Ne vous attendez toutefois pas à une claque next-gen. Le titre de Spiders reste raisonnable dans son esthétique et se permet tout de même régulièrement de superbes panoramas sur cette version fictive de Paris dans les années 1700. L’histoire est également très inspirée. Les développeurs jouent habilement avec les personnages historiques pour donner de la substance à leur univers que, honnêtement, on rêverait de voir adapté en film ou en série. On mettra enfin un point d’honneur au personnage principal, Aegis, dont l’apparence, les mouvements et la douceur au beau milieu de cette guerre civile la rendent attachante, d’une certaine manière.
Points positifs
- Un univers très attrayant
- Une bande-son au top
- Un bestiaire très varié et original
- Des combats de boss pimentés
- Un système de progression bien foutu
- Aegis a quelque-chose d’attachant
- Un jeu assez bien peaufiné pour la sortie, les bugs sont très rares
Points négatifs
- Le level design manque un peu de surprises
- Des graphismes inégaux
- Les modes graphismes et résolution décevants sur la framerate
Fiche technique de Steelrising:
Éditeur : Nacon
Développeur : Spiders
Date de sortie : 8 septembre 2022 sur PS4, PS5, Xbox et PC
Type : Action-RPG
Langue : anglais sous-titré français