Après une absence de six ans, Forza Motorsport refait rugir ses moteurs, repensé et remanié, prêt à récupérer sa place sur le podium des géants de la simulation de course. Au fil des ans, son propre dérivé, le dynamique et ouvert Forza Horizon, a su s’imposer comme le champion des courses sur Xbox. Parallèlement, le sempiternel rival – le Gran Turismo de Sony – a repris du poil de la bête avec Gran Turismo 7 et son propre film promotionnel. Mais le huitième opus de Forza Motorsport a-t-il les épaules pour retrouver la pole position ?
Un jeu « simcade » qui ne rate pas son virage
Là où l’effervescence du succès de la série Forza Horizon a permis à l’équipe de Turn 10 Studios de peaufiner le soft, les extravagances et défis farfelus des précédents volets ont disparu. Désormais, le jeu se concentre sur de « vraies » voitures, des circuits en grande partie réels et un esprit de compétition acharnée. Cette orientation est perceptible dès les premiers instants du mode carrière, où chaque course nécessite une préparation plus approfondie que le simple fait de se lancer sur la grille de départ. Fini le temps où l’on pouvait s’élancer à l’aveugle en comptant simplement sur son talent. Désormais, ce Forza Motorsport impose au joueur de se familiariser avec chaque véhicule, d’anticiper chaque virage, pour optimiser sa trajectoire sans finir hors-piste avec une séance d’essai à travers laquelle des objectifs sont demandés avec un score de pilotage.
Loin de l’ennui que pourrait susciter une telle rigueur, le plaisir de conduite se révèle exceptionnellement gratifiant. Au premier abord, le jeu semble simpliste, avec des assistances à la conduite largement indulgentes. Mais une fois ces aides désactivées, l’authentique sensation Forza ressurgit, dotée d’un réalisme encore plus saisissant.
Forza Motorsport tâche de renouveler son expérience
Certes, en termes de sensation de contact entre les pneus et l’asphalte, Forza n’atteint pas la précision chirurgicale de Gran Turismo 7. Néanmoins, il parvient à se démarquer d’une manière particulièrement captivante. En témoigne l’excellent ressenti de transfert de masse et de momentum qui donne vie à chaque véhicule. Le frisson éprouvé en pilotant une n’importe quelle hypercar sur les courbes de Francorchamps est incomparable à la montée d’adrénaline ressentie en enchaînant les virages du Circuit de Barcelona-Catalunya à bord d’une Audi RS e-tron GT. Chaque catégorie de véhicule, chaque moteur, offre une expérience unique, garantissant que chaque course offre un défi renouvelé.
D’une certaine manière, ce nouveau Forza Motorsport se présente comme une simulation de course nettement plus sérieuse, tout en restant plus abordable que des titres strictement hardcore comme Assetto Corsa. Après une brève introduction à travers une série d’événements, vous êtes catapulté dans un maillage de compétitions thématiques. Compléter une série en débloque d’autres, et le soft a l’astuce de vous inciter à augmenter le niveau de défi en abandonnant peu à peu vos assistances de conduite.
Pour mettre la main sur les bolides de vos rêves, il faudra accumuler suffisamment de crédits. La méthode la plus efficace pour engranger ces crédits est de pousser le niveau de compétence de l’IA toujours plus haut, et vraiment mettre à l’épreuve vos capacités de pilote. Vous pourriez même décider de vous octroyer un handicap en partant d’une position plus reculée sur la grille lors de la course suivante. Le principe est simple : plus le risque est grand, plus la récompense est alléchante.
L’authenticité au cœur de chaque course
Le traitement réaliste de la conduite, couplé à une IA assez compétitive, garantit des courses palpitantes. Et cette progression ne s’arrête pas à votre niveau de pilote. En effet, chaque tour de piste est une occasion pour votre voiture d’accumuler de l’expérience. Exécutez des sections de manière impeccable, gagnez du temps précieux, et votre voiture se verra récompensée. En revanche, une conduite paresseuse, avec des virages ratés et des collisions à répétition, vous privera de ces précieux points d’expérience. Continuez à améliorer votre bolide, et de nouveaux paliers d’améliorations se débloqueront. Vous pourrez alors les utiliser pour optimiser la tenue de route, le freinage, l’accélération et la vitesse de pointe de votre véhicule.
Mais rassurez-vous, amateurs de mécanique. Si vous souhaitez plonger en profondeur dans la personnalisation, sélectionner minutieusement chaque pièce pour perfectionner vos systèmes d’échappement, filtres, engrenages, turbos et suspensions, alors Forza Motorsport vous offre tout le panel dont vous pourriez rêver. Si, au contraire, votre unique désir est de vous délecter de la course, l’option d’auto-amélioration vous permettra de préparer votre voiture en un clin d’œil pour la prochaine grande épreuve.
Une intelligence artificielle qui s’adapte à tous
Il est judicieux de pousser la vitesse et le niveau de compétence de l’IA car, dans les réglages initiaux, ils ne vous offrent pas de réelle défi. Cependant, à des niveaux plus élevés, ils sont bien plus enclins à prendre des risques et même à adopter une conduite agressive (parfois trop, ce qui pourrait vous donner des envies de jeter votre manette ou rebobiner).
Là où les concurrents de Gran Turismo peuvent se montrer un tantinet trop courtois, les Drivatars de Forza Motorsport, reproduisant les mouvements de véritables joueurs, ont tendance à repousser les limites du confort, quittant la piste suite à des manœuvres imprudentes ou en frôlant les autres voitures dans les virages encombrés. Bien que cela rende le début de nombreuses courses chaotiques, l’attitude audacieuse de l’IA mène à des duels passionnants dans les derniers tours.
Il y a énormément à découvrir ici pour les passionnés de voitures et de sport automobile. Les compétitions du mode carrière mettent l’accent sur les voitures classiques ou les époques chéries, et la sélection est impressionnante, allant de coupés sportifs légendaires des années 60 comme l’Aston Martin DB5, en passant par les hatchbacks sportifs des années 80, jusqu’aux hypercars ultra-modernes de Rimac et Bugatti.
Forza Motorsport, c’est un arsenal automobile riche et varié
Que ce soit les classiques, les GT ou les hypercars modernes, tout est là pour être collectionné et piloté. Et en plus, le multijoueur met l’accent sur le fair-play, avec une série de qualifications obligatoires où vous pouvez vous familiariser avec les règles concernant le maintien sur la piste et l’évitement des collisions, ainsi que des pénalités de temps pour mauvaise conduite. Seul l’avenir dira si cela fonctionne, mais il est clair que l’équipe de Turn 10 Studios est consciente des enjeux.
Nous avons ici un jeu à l’esthétique époustouflante, où les éclairages ray-tracés sur les voitures sont à couper le souffle, et les replays cinématiques offrent tout le spectacle visuel que l’on pourrait désirer. Cependant, si le nouveau jeu de course de Turn 10 présente un point faible, c’est peut-être son côté un peu trop sérieux et froid. L’accent mis sur les pistes réelles, agrémenté de quelques classiques fictifs de Forza, apporte une certaine cohérence, mais la plupart des circuits se ressemblent, et l’on finit par regretter les sensations des parcours côtiers, ruraux et urbains qui pimentaient les anciens opus.
Bien entendu, si vous recherchez amusement et diversité, Forza Horizon 5 vous comblera. Cependant, même si ce nouveau titre « reboot » manifeste la volonté et l’ambition de surpasser ses prédécesseurs, il lui manque encore un soupçon du panache propre aux Forza classiques.
Retour aux sources ou nouveau départ ?
Le retour tant attendu de Forza Motorsport est à la fois une célébration des racines de la franchise et une évolution audacieuse vers l’avenir du sim-racing. Le soft rappelle l’âge d’or du jeu de course, tout en introduisant des éléments modernes qui plairont à la fois aux puristes et aux nouveaux venus. Turn 10 Studios a manifestement investi du temps et des ressources pour peaufiner chaque détail, de la modélisation méticuleuse des voitures à l’expérience de conduite hyper réaliste.
Cependant, en poussant vers la simulation, le jeu semble par moments sacrifier une part de son identité. Les pistes, bien que magnifiquement rendues, peuvent parfois sembler répétitives. Et si l’adversité accrue des Drivatars offre un défi réel, certains pourraient regretter le côté plus arcade et spontané des anciens opus.
Il est clair que Forza Motorsport vise un équilibre entre réalisme et plaisir. Bien qu’il ne capture peut-être pas toujours parfaitement cet équilibre, il reste sans aucun doute une prouesse technologique et une offrande solide pour les passionnés de courses automobiles. L’avenir nous dira si ce reboot marquera une nouvelle ère pour la série ou s’il restera un hommage raffiné à son héritage.
Points positifs:
- Une conduite agréable et unique à chaque véhicule
- Un grand choix de voitures
- Des circuits réels et fictifs pour un mélange savoureux
- Une belle amélioration par rapport au titre précédent
- De nombreuses options d’accessibilité
Points négatifs :
- Un aspect ludique très froid avec des courses qui s’enchaînent, sans enrobage
- Pas de ray-tracing ou de 4K native si on veut une framerate à 60fps
Fiche technique de Forza Motorsport :
Éditeur : Xbox Games Studios
Développeur :Turn 10 Studios
Date de sortie : le 5 octobre sur Xbox Series X|S et PC
Type : Simulation