Call of Duty Modern Warfare 3 n’est, malheureusement pour lui, pas le plus attendu des jeux de la série. Hélas, depuis que les joueurs ont découvert son existence, des rumeurs ont commencé à circuler. Des bruits de couloir affirmant que le jeu serait né de l’idée d’un DLC pour Modern Warfare 2 mais que, face à l’incertitude qu’un véritable nouvel opus soit prêt à temps pour 2023, Activision a décidé de transformer en épisode à part entière.
Voilà maintenant que le jeu de Sledgehammer débarque sur consoles et PC, amenant avec lui une expérience solo, multijoueur et même « Zombies » en collaboration avec Treyarch, experts en la matière. Alors qu’on lui reproche déjà ses ambitions avant même d’avoir pu faire ses preuves, le jeu est-il pour autant révoltant ?
MODERN WARFARE 3 : LE MODE CAMPAGNE
L’histoire de Call of Duty est marquée de nombreuses innovations : l’introduction du tir en visée, le passage des conflits historiques à un cadre de guerre moderne, l’obligation d’utiliser des couvertures plutôt que de foncer tête baissée dans la bataille, ou encore ces grenades quasi invisibles qui vous éliminent instantanément.
Le casting de ces jeux n’est pas en reste, avec des acteurs de renom comme Sam Worthington (Avatar) dans le rôle d’Alex Mason, Gary Oldman (Black Ops et World at War), Kevin Spacey (House of Cards) dans Advanced Warfare, et même Idris Elba dans la campagne originale de Modern Warfare 3 en 2011. Ces choix de casting soulignent l’ambition cinématographique de ces modes campagne.
De son côté, la campagne de ce reboot de 2023 ne semble pas évoluer aussi radicalement que par le passé. La réinvention de Modern Warfare en 2019 avait apporté des missions intenses dans des environnements étroits, l’utilisation de lunettes de vision nocturne, la conduite de civils vers la sécurité, et la reformation de la Task Force 141 sous le commandement de Captain Price.
La suite de 2022, quant à elle, offrait des missions inventives avec John MacTavish (Soap), des options de dialogue avec les camarades, et des reconstitutions époustouflantes de lieux tels qu’Amsterdam. Des missions mémorables incluaient des combats de maison en maison au Mexique et des courses-poursuites haletantes entre véhicules.
Des changements modérés mais qui ne passent pas inaperçus
Dans le nouveau Modern Warfare 3, les changements sont présents mais modérés. Les missions de combat ouvertes offrent des cartes plus grandes avec plusieurs options d’armes et d’équipements, comme des ascenseurs à corde et des lunettes de vision nocturne, permettant d’aborder les missions de manière frontale ou furtive.
La collecte d’équipement pour de futures parties, semblable aux missions Spec Ops, est une addition intéressante pour les fans les plus assidus. Cependant, cette nouveauté semble s’adresser principalement à un public déjà conquis.
Le mode campagne de Modern Warfare 3 en 2023 regorge de moments forts, mais aussi de quelques lacunes. L’une des missions les plus captivantes est celle où Soap infiltre une île pour atteindre le financier d’un oligarque. Le niveau est parsemé de gardes armés et offre plusieurs itinéraires, ainsi que des drones tueurs, rappelant la rejouabilité caractéristique de la franchise Hitman. Un autre moment marquant est le rôle principal du sniper masqué Ghost, qui se voit parachuté pour désamorcer des bombes dans le Barrage de Gora à Verdansk. Sans oublier Danger Proche, une mission classique où l’on tire sur de minuscules ennemis depuis un hélicoptère de combat, toujours aussi divertissante des années plus tard.
Cependant, les options de dialogue sont moins nombreuses dans cette édition, et leur impact sur le déroulement de l’histoire reste incertain. Certains objectifs temporisés ajoutent une légère variété, mais on aurait aimé en voir davantage. La diversité des ennemis est présente, avec le retour des juggernauts lourdement armés et l’introduction des snipers blindés, dotés d’un camouflage thermique, créant des séquences de sniper tendues dans la mission enneigée Toundra gelée.
Une aventure Pop-corn qui ne nous laisse pas le temps de terminer notre paquet
Le mode campagne de Modern Warfare 3 ne manque pas de moments potentiellement marquants. Par exemple, Couverture profonde, où l’on joue le rôle de Kate Laswell, cheffe de la CIA sous couverture dans une base militaire, aurait pu offrir plus d’opportunités d’exploration. Cette mission aurait été l’occasion idéale de reproduire l’infiltration intense et aux multiples objectifs du quartier général du KGB dans Black Ops Cold War en 2020.
La conclusion choquante de cette mission, marquée par une attaque au gaz, est saisissante, mais aurait pu être davantage développée ou même constituer le cœur d’une section entière, car c’est l’un des moments les plus marquants de notre expérience de jeu.
Dans la mission Toundra gelée qui se démarque clairement des autres, une attaque contre des véhicules traversant des eaux gelées, effectuée en équipement de plongée, se termine trop rapidement, ressemblant plus à une cinématique interactive qu’à une mission complètement développée. C’est encore une fois dommage car l’immersion était totale.
La patience permet d’explorer plusieurs chemins pour accomplir de nombreuses missions, mais l’incitation à le faire est faible, car il est souvent possible de se frayer un chemin en tirant sur les ennemis en mode bourrin. De plus, nous n’avons découvert aucun collectible ou élément rendant l’exploration plus gratifiante.
On retrouve également de nombreux lieux clés de Verdansk, du stade au barrage, ce qui semble être une tentative de nostalgie narrative, mais qui peut ressembler à un flashback traumatique pour les joueurs ayant passé beaucoup de temps dans ces lieux pendant les batailles royales de Warzone ces trois dernières années.
Que veut-dire le mode histoire de Modern Warfare 3 ?
En termes d’histoire, à moins d’avoir suivi attentivement les nombreux rebondissements de Warzone, certains joueurs pourraient être confus en voyant des personnages comme Phillip Graves et Alex Keller bien vivants. Le retour de Farah Karim est cependant un atout, car elle déjoue de nombreux stéréotypes militaires machistes typiques de la franchise, bien qu’elle soit sous-utilisée dans l’intrigue. Pendant ce temps, le classique méchant Vladimir Makarov continue d’impressionner, des années après sa première apparition.
Ce nouveau scénario semble être une pièce d’un puzzle plus vaste et qui poursuivra probablement dans les mises à jour de Warzone ou dans une éventuelle suite, Modern Warfare 4. MW3 avait clôturé la trilogie en 2011. Se pose alors la question : l’éditeur Activision a-t-il épuisé ses options de reboots ? À moins qu’ils ne décident d’explorer des titres comme Ghosts, Infinite Warfare, ou Advanced Warfare. Ces jeux n’étaient pas aussi populaires que les grands classiques Black Ops / MW à leur sortie et ont initié la tendance actuelle des reboots.
Cette campagne de Modern Warfare 3 reflète la complexité et les entrelacements géopolitiques caractéristiques de la nouvelle trilogie Modern Warfare, complétés par de nombreuses heures de jeu dans Warzone et des explications de fans et créateurs de contenu. Cependant, malgré cette richesse narrative, la campagne semble plus être un avant-goût d’événements futurs qu’une histoire complète et autonome, surtout avec une fin qui n’en est pas vraiment une.
MODERN WARFARE 3 : LE MULTI & ZOMBIES
Le multijoueur de Modern Warfare 3 navigue entre nostalgie et innovation. Beaucoup de joueurs pourront tiquer face au peu différences qui séparent réellement l’expérience MJ du jeu de l’an dernier à celui-ci. L’interface reste globalement similaire, mis à part une palette de couleurs changée au même titre que le positionnement de certains petits encadrés. Mais les principes restent les mêmes, que ce soit au niveau des défis journaliers et même du Season Pass. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le système reste le même puisque le Pass de la dernière saison a été transféré. C’est également le cas de tous les cosmétiques acquis dans MW2. Les joueurs de l’an dernier y retrouveront donc la totalité de leurs gains et achats. Un système voulu par le studio dans l’optique de créer une passerelle entre les différents opus d’une même série. Mais du côté des joueurs, bon nombre y voient là de jolis discours pour camoufler la véritable intention initiale derrière ce jeu: un DLC.
Au niveau de la prise en main, on se sent comme dans des petits chaussons. La réactivité est excellente et les sensations, DualSense en main, sont immersives. Contrairement aux précédentes productions de Sledgehammer, en particulier Vanguard, MW3 profite d’un très bon sound design. Avec un casque sur les oreilles, autant vous dire que l’avantage stratégique est évident puisqu’il est facile de positionner un ennemi qui court sur vous, sauf s’il possède un atout spécifiquement dédié au camouflage de ses bruits de pas. En revanche, on aurait aimé une meilleure balance entre les bruits de pas adversaires/alliés pour ne pas être perpétuellement en alerte inutilement.
Dans l’ensemble, le mode multijoueur de MW3 reste très bon. Il faudra maintenant que le studio travaille sur un point noir qui lui colle au basques : les réapparitions en cas de mort, qui se font un peu trop souvent à proximité des ennemis. Au-delà de ça, il n’y a pas grand-chose à dire. Mais il n’y a également pas beaucoup de nouveautés à pointer du doigt, hélas.
L’ajout du mode Zombies à un jeu Modern Warfare est une nouveauté notable. Treyarch, en charge de ce mode, a tenté une approche open world façon Warzone, mais le résultat manque de la saveur caractéristique des Zombies de Treyarch. Le mode ressemble davantage à un complément de contenu, ajouté pour justifier un prix élevé, plutôt qu’à une véritable innovation. La structure justement basée sur des largages dans la future carte du battle-royale, Urzikstan, avec des contrats à accomplir, semble prometteuse, mais au final, le mode ne parvient pas à capturer l’essence des Zombies de Treyarch, donnant l’impression d’un recyclage du mode DMZ de MW2 avec des hordes de zombies.
Loin d’être mauvais MW3 manque d’ambitions
C’est la première année où un jeu Call of Duty ne semble montrer aucune volonté d’innover. Bien qu’il soit toujours très satisfaisant de se plonger dans l’action sur Modern Warfare 3, le jeu tient un peu trop de MW2 et ne parvient jamais à trouver sa propre identité. Ce manque d’originalité, couplé à une campagne beaucoup trop courte et sans réelle scène marquante ainsi qu’un mode Zombie trop fade axé sur le mode DMZ de l’an dernier ne proposent pas une expérience très attrayante, ou en tout cas qui justifie un investissement à prix plein de cet opus. Les rumeurs parlaient d’un DLC de MW2 dans les plans initiaux d’Activision, et c’est aussi ce qui transparaît après plusieurs heures de jeu. Hélas, ce MW3 ne restera pas dans les mémoires.
Points positifs :
- Un scénario captivant avec des personnages charismatiques
- Un mode multijoueur toujours enragé et jouissif
- Un mode Zombie vaste et permissif
- On récupère les packs opérateurs achetés sur MW2
Points négatifs :
- Une campagne trop courte et qui n’évolue pas vraiment
- Un mode multijoueur bien trop similaire à MW2
- Un jeu qui donne vraiment une sensation de DLC trop cher
Fiche technique de Call of Duty Modern Warfare 3:Éditeur : Activision
Développeur : Sledgehammer Games
Date de sortie : Le 10 novembre sur PS4, PS5, Xbox et PC
Type : FPS
Langue : français